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Les chatons reconnaissent-ils leur mère après la séparation ?


Les chatons reconnaissent-ils leur mère article de blog www.equilicat.com

SOMMAIRE


Les chattes mères reconnaissent l’odeur de leurs chatons.

Nous savons que les mères reconnaissent l’odeur de leurs chatons (Banszegi et al. 2017) (1), la question inverse reste partiellement en suspens, les chatons sevrés reconnaissent-ils l’odeur de leur mère ? Si oui, quelle valeur éthologique a ce comportement : cette reconnaissance olfactive a-t-elle une fonction biologique, une fonction cognitive ou est-ce simplement la reconnaissance d’une odeur familière ?

Je vous propose de faire le point sur ce sujet dans l’article qui suit et qui résume une étude scientifique récente sur le sujet (2), menée récemment par une équipe de scientifique à Mexico !


Comment savoir si les chatons reconnaissent l’odeur de leur mère après le sevrage.

Quinze portées de chatons ont été testées (au total un échantillon de 58 chatons de 8 mères différentes) à l’âge de 2 mois, 4 mois, 6 mois et un an.

Le test a consisté à soumettre à l’odorat des chatons (sous la forme de reniflement) trois échantillons d’odeurs sur des cotons-tiges séparées : l’un des écouvillons imprégnés de l’odeur de leur propre mère, l’autre avec l’odeur d’une femelle étrangère de statut reproductif identique à celui de leur mère et un troisième échantillon avec un coton-tige vierge de toute odeur. L’odeur des mères a été recueillie par frottement des deux côtés de la face, du menton, du ventre et de la zone anogénitale, parties du corps où nous savons déjà qu’elles possèdent le plus de molécules sémio-chimiques (molécules odorantes). Les échantillons ont ensuite été conditionnés dans des sachets plastiques hermétiques puis présentés simultanément et dans un ordre aléatoire aux chatons de l’étude. On a ensuite calculé la durée de chaque reniflement, le test prenant fin au moment où le chat détournait la tête du coton-tige.



Les résultats de l’étude sur l’odorat des chatons et la reconnaissance de leur mère après la séparation.

Les résultats ont été les suivants : à l’âge de 2 mois, les chatons mâles et femelles ont reniflé l’odeur de la mère étrangère beaucoup plus longtemps que l’écouvillon portant l’odeur de leur propre mère. Ceci peut s’expliquer facilement par le fait qu’étant toujours avec leur mère (puisque pas encore sevrés), l’odeur étrangère a eu plus d’attrait, ils y ont donc accordé plus d’attention. Ce résultat est cohérent par rapport à d’autres études similaires sur les chiens et les rats, qui ont aussi montré plus d’attraction pour les odeurs non connues.

Le test effectué à l’âge de 4 mois a eu un résultat différent : il faut préciser que le sevrage étant alors effectif, les chatons étaient cette fois dans leur famille d’adoption et donc n’étaient plus dans l’environnement initial avec leur mère. Pour les chatons femelles, il n’y a pas eu de différence significative dans le reniflement entre les deux écouvillons portant l’odeur des chattes mères alors que chez les chatons mâles, ils ont significativement plus reniflé celui de leur propre mère. Le test a à nouveau été effectué à l’âge de 6 mois et à l’âge d’un an, les mâles et femelles ont alors reniflé beaucoup plus longtemps ceux de leur propre mère que ceux des mères chattes étrangères.



Est-ce réellement l’odeur de leur mère que les chatons reconnaissent et quelle serait la fonction de ce comportement ?

Ces résultats amènent plusieurs remarques : il semble que les chatons conservent un souvenir de l’odeur de leur mère même après avoir été séparés d’elle de façon permanente indépendamment du contexte social et de l’environnement. Aussi, ces résultats montrent que ce souvenir olfactif dure dans le temps ce qui implique une chose importante, les chattes mères ont gardé une même odeur et donc une signature olfactive unique, individuelle et stable dans le temps.


Ces résultats et cette étude soulèvent cependant plusieurs questions et remarques : la première est la fonction biologique de cette mémoire olfactive, aurait-elle par exemple pour effet d’éviter la consanguinité ? Autrement dit, cette fonction de reconnaissance existe-t-elle pour éviter que les chats ne se reproduisent entre eux et que de la consanguinité apparaisse au sein de l’espèce ? (Pour rappel la consanguinité augmente les risques de certaines maladies génétiques). Sur ce sujet des études scientifiques contradictoires existent déjà : l’étude d’Ishida et al. de 2001 (3) arguant que les femelles évitent de se reproduire avec des parents proches alors qu’une autre de 2014 (4) rapporte que l’accouplement entre proches n’est pas rare. La question reste donc entière en l’état actuelle de nos connaissances scientifiques.


Le second questionnement sur cette éventuelle reconnaissance de la parenté pourrait être liée à un comportement népotique (tendance à favoriser des membres de sa famille au détriment d’autres types de sélections, au mérite par exemple dans nos sociétés humaines) qui favoriserait, dans des populations à forte densité, une répartition prioritaire des ressources aux congénères apparentés.


Dernière question, et non des moindres, le souvenir olfactif montré dans l’étude prouve-t-il pour autant qu’il y a une représentation cognitive du lien de parenté, autrement dit, lorsque les chatons sentent l’odeur de leur mère, se représentent-ils réellement leur mère, connaissent-ils réellement le lien de parenté qui les unis à elle, rien ne permet de l’affirmer.


Ce que cette étude semble en revanche montrer sans aucun doute c’est que les chatons acquièrent une mémoire olfactive durable de leur mère dans le temps et que l’odeur de leur mère reste la même dans le temps.



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Vous pouvez aussi liker et en commenter l’article, je me ferais un plaisir d’en discuter avec vous !


À très bientôt.


Hugues Martinat Equilicat Comportementaliste chat

Si vous rencontrez des problèmes de comportement avec votre chat, n'hésitez pas à me contacter ou à consulter mon site internet.


Tel : 0763060599

Site internet : www.equilicat.com






Sources:


(1) Bánszegi O, Jacinto E, Urrutia A, Szenczi P, Hudson R (2017a) Can but don’t: olfactory discrimination between own and alien offspring in the domestic cat. Animal Cognition.


(2) Szenczi, P., Urrutia, A., Hudson, R., & Bánszegi, O. (2021). Are you my mummy ? Long-term olfactory memory of mother’s body odour by offspring in the domestic cat. Animal Cognition.


(3) Ishida Y, Yahara T, Kasuya E, Yamane A (2001) Female control of paternity during copulation: inbreeding avoidance in feral cats. Behaviour.


(4) Spotte S (2014) Free-ranging cats: behavior, ecology, management, 1st edn. John Wiley & Sons, Chichester.


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